lundi, septembre 26, 2005

Petit album photo

Pas de grand commentaire aujourd'hui mais je profite de mon obligation de rester a Quito pour des questions administratives (ah, l'Amerique latine...) pour envoyer quelques images qui j'espére passeront mieux que de Quilla Pacari. (Quilla Pacari, c'est du quechua, cela signifie lune qui se léve. C'est le nom de l'association de femmes de la communauté oú je vis. La lune est l'élément féminin par excellence dans la culture indigéne...)



Voila pour commencer le beau Chimborazo, celui á qui je suis allée rendre visite un matin. Un des week ends á venir, nous monterons au premier refuge. Ce n'est pas difficile, il y a un chemin...
Et puis avec un peu de chance, quand l'acclimatation sera bonne, j'irai encore plus haut, mais ca, c'est un secret....






Voilá donc ma nouvelle maison: en bas et á gauche, se sont les locaux des femmes. Nous habitons au premier. La fenetre de gauche est celle de la cuisine, la piéce que je préfére. C'est un peu mon bureau, l'endroit oú je lis et écris tót le matin, petit moment de calme et de solitude.


Ca, c'est Calpi, dernier bastion civilisé (sans boite aux lettres mais accessible en bus) avant les communautés. De lá, je mets un peu moins d'une heure pour rentrer á la maison. Il y a une église démesurée construite il y a moins de 100 ans par les indigénes... battus au fouet et sous menace de la torture...











Regards de femmes dimanche dernier á la fëte des taurreaux...

Bon finalement, comme je peux écrire pendant qu'il charge, j'en profite. Je suis donc á Quito, dans la capitale. C'est vraiment une ville de contrastes. Les quartiers les plus pauvres, je ne les connaitrai pas, mes chers parents ayant assez de soucis comme ca! Mais déja entre le centre colonial trés beau architecturalement et le quartier commercial, il y a un choc. Il y a plusieurs modes de vie paralléles, les indigénes tentant tant bien que mal de survivre ici aprés avoir fui les campagnes qui ne suffisaient pas á nourrir tout le monde, tandis que les métisses vont á l'école plus longtemps, rëvent d'ascention sociale et d'une vie toute Américaine. Rëve que partagent aussi en partie les communautés indigénes sans bien savoir de quoi il s'agit: je n'ai jamais bu autant de Coca que depuis que je suis ici, c'est la cadeau supréme que l'on puisse faire en signe de bienvenue...

Un grand merci á ceux qui me laissent des messages, ca me fait toujours trés plaisir. Je ne reponds pas tout de suite á cause de la mauvaise connection lá haut mais les recois bien... du moins quand il y a de l'électricité... (c'est le cas 9 jours sur 10!)

A bientót, je m'en retourne á ma quéte d'enveloppes, timbres et autres choses (je n'ai pas tout compris..) nécessaires á la validation de mon visa! Un gros orage vient d'éclater, je n'avais pas vu la pluie depuis que j'étais ici. De quoi laver la ville d'un peu de pollution. J'espére juste que le ciel garde un peu de pluie pour les paysans qui l'attendent depuis avril et ne la réserve pas á la capitale....

samedi, septembre 24, 2005

immersion dans le monde indigène


Aujourd’hui, baptème communautaire. Me voilà au milieu de 25 femmes et 5 hommes pour prendre part au travail communautaire. Objectif de la journée : planter un champs de patates, faire une tonne de béton pour le sol du futur réfectoire, finir les murs du moulin et amener l’eau á la boulangerie. Je reviens juste et je suis « exhausted » comme disent les angalais. Pour faire simple, c’était à mi chemin enctre le goulag et le bonheur de vivre en communauté, de faire connaissance avec les indigène, d’^etre seule au milieu d’entre eux. Apparemment, ils n’ont jamais travaillé avec un blanc dans cette communauté de san José de Chancahuan.
Apres m’avoir dit de ne faire que regarder, comme par politesse, craignant de me fatiguer, ils ont finalement bien apprécié que je les aide á remplir les brouettes de caillase, á mélanger le ciment, les cailloux et l'eau pour faire le sol, à porter les lattes du futur parquet du réfectoire. C’´etait d’autant plus drôle que, persuadés que je ne comprenais pas quans ils ne parlaient pas lentement et distinctement á mon attention, ils disaient vraiment ce qu'ils pensaient. Or, si je m’exprime encore assez mal, comme ils ont tendance á dire trois fois les choses quand ils parlent, je finis pas comprendre le gros de l’histoire, vers trois heures, il y a eu un début de grève générale et un coup de mécontentement contre Pierrrick qui avait sollicité cette minga alors que les gens auraient préféré aller vendre leurs bètes au marché. Puis l’intérêt communautaire a repris le dessus et après une bonne colère, c’était reparti… Pour ma part, j’átais bien contente de voir la voiture de Pierrick passer par là pour aller donner la messe de 6 heures, ce qui m’évite l’heure de marche á pieds en montée pour rentrer… me laver et dormir !

vendredi, septembre 23, 2005

La boulegerie progresse

8 heures du matin, comme d’habitude… Je reviens de Calpi, dont je vais tâcher de mettre une photo en ligne si j’ai un peu plus de chance qu’hier… Nous sommes allés avec Pierrick rencontrer Byron, l’entrepreneur qui s’occupe du matériel de la boulangerie. Sur base du plan que nous avions établi, nous avons situé le four, le pétrin, la table de travail, le ventilateur… La table de travail sera sous la fenêtre qui donne sur l’église du village et le champ dans lequel se baladent les lamas.
Si tout se passe bien, il devrait y avoir une minga, c’est à dire une journée de travail collectif demain afin de finir le local du moulin. Dimanche, je serai à Quito, ce qui ne me réjouis pas trop car c’est loin, mais je dois me faire inscrire au Consulat et faire valider mon visa (et si !).

Hier, j’ai fait un peu de clarinette dans…la fabrique à confitures qui est à côté de la maison. Une salle immense, toute carrelée, c’est plutôt sympa. Le souffle me manque encore pas mal par contre, je dois couper presque toutes les phrases. J’ai tendance à oublier que je suis quand même à 3 200 mètres d’altitude !

Au programme à présent : test de biscuits, et petites galettes, ponçage et peinture du panneau d’accueil de la maison du tourisme, lecture d’ouvrages sur le pain en espagnol. L’Altar est parfaitement dégagé ce matin, c’est plus beau que jamais. Mon plan de travail sera donc dans la cuisine, face á la grande baie vitrée.
Bonne fin de journée européenne !

ps: désolée, je n¡arrive vraiment pas pour les imeages aujourd'hui, je tâcherai de me rattrapper dans un cyber café de Quito oû la connection sera un peu plus rapide...

jeudi, septembre 22, 2005

Après cinq jours au milieu du monde...


Bonjour a tous, chers visiteurs!

Je profite d’une journé assez calme pour donner quelques nouvelles. Il est huit heures ici, tríos heures de l’apres midi en France. Je suis debout depuis tríos heures. Je me leve vers cinq heures afin d’avoir un peu de temps pour lire ou écrire. J’aime bien travailler alors que le jour n’est pas encore levé et que je suis seule dans la cuisine...
Après un petit dejeuner composé de jus de melon, confiture carotte fruits de la passion et des differents pains que j’ai faits hier au four á gaz, je suis allée faire ma lessive sur la terrasse ensoleillée. Vue sur les champs alentours dans lesquels les femmes travaillent déja. Et me voila sur l’ordi, écoutant le concerto pour piano de Mendelssohn tout en écrivant. Ensuite, j’irai faire des essais de pains sucré, au lait, pain perdu... Puis je mettrai au propre le plan de la boulangerie. Nous avons pris les mesures hier soir avec Pierrick, chaque visite étant aussi un bon moyen de rendre mon visage un peu plus familier aux Indigènes. En plus, comme Pierrick est très respecté car d’un comportement admirable, á la fois dévoué et patient avec les Indiens, le fait d’ètre avec lui aide bien...
Ce soir, nous retournerons a san José, communauté de la boulangerie, afin de constater l’avancement des travaux et de mettre un peu la presión aux maÇons qui ont pris du retard et n’ont pas fini les murs alors que le moulin devrait arriver de manière imminente.
Si la conexión est bonne, je vais envoyer une photo de la boulangerie. Par la fenêtre de droite, il y a vue sur les Lamas et sur l’Eglise.
Je vais aussi tenter un cliché du Chimborazo, montagne fétiche et à la fois crainte des indigenes. Il y a un groupe de montagnard d’Alberville qui est passsé hier alors je les ai suivis á l’aube afin d’assister au lever du soleil sur ce beau sommet.
Et pour finir, si j’ai beaucoup de chance, un sourire local...
Les choses vont se corser quand je vais traveiller tous les jours dans la communauté très pauvre de San José sans être forcément bien acceptée dans un premier temps, mais pour l’instant, je savoure les joies de la découverte!
A bientôt

Stéphanie

mardi, septembre 20, 2005

Des nouvelles fraiches de san Francisco de Cunuguachay

Voila ma nouvelle maison!






Me voici installee, et partie a la decouverte des differentes communautes.

dimanche, septembre 18, 2005

Arrivée




Me voilà bien arrivée apres un voyage un peu long mais néanmoins assez agréable. le survol de la Colombie et de l'Equateur au coucher du soleil étaient grandioses.
La maison des volontaires est vraiment confortable avec eau chaude, lits et cuisine a base de riz et lentilles essentiellement mais tout a fait correcte.
Je me prépare pour la découverte d'une communauté qui a sa fête de village aujourd'hui. Dans quelques jours je me rendrai où je vais travailler au projet de boulangerie.
Et tout de suite, quelques photos....

mardi, septembre 13, 2005

Petit aperçu de la Finlande

La ville vue de l'opéra

La maison de Sibélius

Paysage typique: vue de la maison de Sibelius

Mon Papa à 45 degrés...

La forteresse de Suomenlinna, sur une île à l'entrée du port d'Helsinki.

lundi, septembre 12, 2005

Premiers essais de pain... à la maison

Tentative de pain
Difficile apprentissage de la pâte feuilletée pour pains aux chocolats
Des volontaires pour goûter?

Dernières images avant quelques temps...

Le plaisir BD du week end!


De l'utilité du trampoline...


La fameuse usine Carsberg: la dégustation.


Florian en pleine action...


Pratique musicale version estivale: sur une des plages du nord.



Derniers moments en famille avant le départ...

samedi, septembre 10, 2005

L’institut français

Aux nostalgiques de leur pays et amoureux de la lecture, à ceux qui s’intéressent à la culture française, il est un endroit précieux : l’Institut français. Il faut d’abord le chercher à travers Copenhague, lever les yeux dans la rue piétonne et le voir enfin, perché au-dessus du magasin Vuitton.
Il n’y a personne pour l’instant, sauf le bibliothécaire en train de ranger quelques ouvrages. Quelques mots, puis chacun retourne à son errance à travers les rayons. Succombant à la tentation de lire tout de suite, je m'asseois sur un des trois canapés en cuir noir. Feignant finalement la lecture, je ne peut m'empêcher finalement d'observer les visiteurs successifs.
Ils sont peu nombreux, rarement pressés. Les uns apprennent le français à l’étage supérieur et, après avoir fait bonne usage des méthodes de langue disponibles, il osent l’incursion dans le vrai, le brut : les romans, les magasines, les films. Une grand-mère se présente, avec l’élégance du français appris et la distinction qui sied visiblement à sa personne, elle demande conseil. Elle ne tarde pas à poursuivre en danois, mettant du coup le bibliothécaire un peu à l’épreuve, celui-ci étant bien plus à l’aise en français... Arrivé ici il y a trois ans, il a certes pris des cours intensément pendant neuf moins, mais peine encore à prononcer ces sonorités étranges à nos oreilles. Je la voir disparaître derrière un rayonnage, suivant la direction qui lui avait finalement été indiquée. Elle revient quelques instants plus tard avec les seize CDS que composent la lecture du « Voyage au bout de la nuit ». Drôle d’approche de la langue française… bonne chance madame !
Lui succède une expatriée en provenance de la Réunion, tombée là au milieu de l’été et constatant avec désespoir qu’il ne fait déjà plus que seize degrés dans sa chambre semi enterrée, que le ciel est gris, bas et lourd un jour sur deux dès début septembre. Les enfants à peine arrivés sont déjà contaminés par le système danois : ils finissent l’école à quatorze heures trente et s’en réjouissent, n’ont presque jamais de devoirs, et imitent leurs camarades qui n’hésitent pas à se rouler dans les falques d’eau à la récré. Ici, les enfants grandissent libres, jouant et s’amusant bien plus que n’apprenant à travailler, on estime qu’ils auront bien le temps de d’apprendre plus tard...
Ayant déjà entendu la complainte du nouveau-venu plus d'une fois, le liothécaire enregistre les livres, les DVD, les magasines : « Comprendre les Danois » ; « Culture choc », écoutant vaguement ce qu'on lui dit. De Balzac à Perrec. En attendant la préparation des ouvrages qui ne sont pour l'instant pas tous informatisés, la jeune femme encore bronzée regarde les grandes affiches aux murs, retraçant les grands engagements de Sartre, dont on fête le centenaire de la naissance avec faste. Elle découvre le philosophe alors que "là-bas" elle n’y aurait pas même prêté attention. Elle croise son regard perçant derrière les énormes lunettes, les quelques phrases sur l’existence qui, contrairement aux inscriptions dans les rue paraissent finalement tellement faciles à comprendre. La liberté, la liberté ! A chaque instant, chaque seconde ! Ne serait-ce pas pourtant un mythe lorsque l’on vient d’arriver à Copenhague, que les enfants effectuent leurs premiers jours d’école, que Monsieur fait ses preuves à son nouveau poste. Combien de femmes d’expatriées se sont succédées ici en rêvant de fuir, les yeux rivés sur Sartre, sans y parvenir ? Combien d’étudiants sont passés, réalisant à la fin de l'année qu’ils avaient peut-être plus lu en Français qu’ils ne l’avaient jamais fait ? De jeunes couples franco-danois tâchant d’aller plus loin dans la connaissance de leur culture respective.
A dimension humaine, plus proche d’un salon que d’une bibliothèque municipale, la pièce prête à la flânerie, à la curiosité. Un coup d’œil du côté de Le Clézio, quelques pages de Koltès, un petit « Minuit » qu’on est sûr de finir : « Dans la solitude d’un champs de coton ». L’endroit est calme, paisible. Les Danois sont connus pour leur vie quasi silencieuse sauf lorsque l’alcool fait effet…les Français s’en inspirent. La sérénité est accrue par la nonchalance avec laquelle le bibliothécaire enregistre et informatise les ouvrages.
La nuit tombe, les uns passent à l'Institut Français à la sortie du travail, pour se réapprovisionner en bandes dessinées ou en films; les autres vont s’occuper des enfants sortis de l’école.
Il est tant de replonger au-dehors, dans l’univers danophone encore un peu étranger. Pourtant, ces descendants des Vikings savent être drôles, fêtards, sympathiques. Mais leur naturelle discrétion renforcée par la tendance au repli en cas de mauvais temps est souvent déconcertante à nos yeux. Il a fallu quelques mois ici et l’invitation à la fête du voisinage pour que nous les découvrions joyeux, ayant le sens de l’animation, de la musique et de la danse… C’est là que l’Institut français devient richesse de la double culture plutôt que lieu de repli et de nostalgie mélancolique.

jeudi, septembre 01, 2005

Et le Danemak alors?
Après avoir fait l’éloge de la Norvège, je me sens quand même un peu coupable vis-à-vis du petit pays que j’habite quand même depuis quelques semaines. Il est plus facile de peindre une terre surprenante, que la courte durée du séjour rend encore plus fascinante, qu’un pays plat (Ah, les montagnes Suisses…) qui nous fait subir les aléas d’un quotidien pas toujours simple. Pourtant, si j’inventais une semaine au Danemark, juste une…
Il ferait beau au moment de l’arrivée par avion ; le soleil achèverait de se lever et ferait miroiter l’eau sur le champ d’éoliennes qui borde les eaux jouxtant l’aéroport. Au moment du virage final afin de se mettre face à la piste d’atterrissage, l’avion laisserait voir du côté gauche le pont, aérien puis paraissant mystérieusement sous l’eau, ce petit bijou d’architecture reliant le Danemark à son vassal d’autrefois, l’empire suédois.
De l’aéroport, à supposer que les finances me le permettent, je prendrais un taxi pour aller en centre ville. Le chauffeur serait un de ces émigrés incroyables ayant traversé toute l’Europe, venant d’Arménie ou de Hongrie. Il parlerait Danois, aurait appris cette langue si difficile en écoutant la radio, de longues heures durant. Il maîtriserait également l’anglais, détail bien pratique pour pouvoir partager le récit de ses passionnantes aventures. Et déjà, les clochers dorés, place de la mairie, l’arrivée. L’addition est un peu salée, mais la conversation en valait la peine… et puis, il faut bien que ce brave travailleur ait de quoi vivre avec le salaire qu’il lui restera après que l’Etat aura ponctionné cinquante pourcents de taxes !
Devant la place de la mairie, un groupe de quatre Indiens en costumes traditionnels alternent morceau à la flûte de Pan et air de Titanic. Au bout de la place commence la rue piétonne. Personne ne s’avisera de traverser au rouge, respect des lois –et peut-être aussi peur des amendes conséquentes- obligent.
Profiter d’un soleil qui ne cogne pas trop fort, des visages détendus, des gens aimables qui prennent le temps de se balader, passant devant l’opéra, poursuivant le long du quai du port, une « Soft ice » trempée dans du chocolat fondu à la main. Bien sûr, il y aurait les deux sœurs violonistes jouant Bach au début du quai, et puis mon groupe de jazz fétiche, avec un clarinettiste, évidemment ! A la locale, il faut s’asseoir sur le rebord et se laisser aller, éventuellement une bière à la main, à refaire le monde ou à écouter les différentes langues parlées par les touristes qui ne ratent jamais cet endroit fort joli avec toutes ses façades colorée donnant sur le baie, son ambiance chaleureuse.
Sans doute, le vent ne tarderait pas à se lever ni la pluie à tomber, ce qui constituerait une excellente raison de se rendre au musée national, regorgeant d’objets étranges venus d’ailleurs, des restes d’un drakkar Viking aux tenues traditionnelles du Groenland en passant par les amphores grecques.
Et pour finir en beauté, pourquoi par un petit détour par la fabrique de la bière Carlsberg, dont l’entrée monumentale composée de deux éléphants ne peut laisser indifférent. Enfin, le « must », reste la dégustation….
N’ayant pas une connaissance très pointue des hôtels du pays, mon voyage ne comporte pas de nuits, exception faite de la première, où j’expérimenterais le majestueux « Hôtel d’Angleterre », celui qui donne sur l’opéra et où sont logés les musiciens des orchestres invités.
Avec un peu de chance, le deuxième jour tomberait un samedi, et plus précisément de deuxième d’août. Dans un des recoins herbeux de la citadelle, sous un soleil de nouveau clément, des centaines de têtes blondes seraient assises dans l’herbe, se préparant à admirer la présentation de la saison de l’opéra. Jeunes et moins jeunes, danseurs passionnés et simples curieux viennent assister à des extraits des spectacles qui seront proposés la saison prochaine. Adorables petits rats, chorégraphie dynamique et enjouée des jeunes danseurs, joli Pas de deux…
La Petite sirène étant à seulement quelques pas, il serait stratégique de quitter le présentation assez rapidement afin de pouvoir réaliser LA photo du siècle avec personne d’autre que la célèbre statue au premier plan. Pas de car de Japonais en vue ? Il y a des chances !
C’est le moment de faire un peu d’exercice physique. Prenant un des vélos mis à disposition par la mairie, il faut moins d’un quart d’heure pour se rendre de l’autre côté de la baie. En front de mer, des bâtiments (oserais-je dire « comme toujours » ?) en brique rouge, surtout des bureaux, quelques appartements. Une centaine de mètres en retrait se cache un quartier nettement plus intéressant : Christiania. Là vivent, au milieu de murs peints de toutes les couleurs, dans des cahutes de bois reliées entre elles par des chemins de terre, les hippies parmi les plus actifs d’Europe. En plein cœur de la capitale, refusant tout ce que l’ère de la consommation peut avoir d’excessif mais aussi de pratique, ils bricolent, réparent, revendent (officiellement plus de drogue…), veillant à leur stricte auto suffisance et indépendance. Dans ce havre de paix et de verdure, certes boueux et gelé en hiver, il fait bon vivre l’été, les enfants jouent dehors, les touristes passent l’air ébahis, un brin nostalgiques.
Cette échappée nature en plein cœur de la ville donne envie de découvrir l’arrière pays. Bon, pendant quelques dizaines de kilomètres, à la banlieue de Copenhague succèdent les champs : il y a mieux. L’avantage, c’est que comme la capitale est sur une île, on finit toujours par retrouver le mer un peu plus loin, et avec un peu de chance, ou une bonne carte, on peut voir paraître des plages, fort sympathiques. La mer claire et calme à la fois, le Gulf Stream qui rend l’eau d’une température… envisageable pour la baignade. Jadis lieu de prédilection des impressionnistes Danois, les plages du Nord se prêtent aujourd’hui aux piques niques du dimanche, séances de bronzage (qui sont remplacées l’hiver par les Solcenter, ces soi-disant magasins de soleil que l’on trouve à tous les coins de rue). Agréables aussi sont les longues randonnées d’un village à un autre, les pieds dans l’eau ou le sable. Ces petits villages là sentent bon la tradition, la calme, les vacances, avec les barques de pêcheurs encore sorties, les rues pavées et les ruelles étroites débouchant soudain sur l’océan.
La redescente vers la capitale serait ponctuée par la visite de deux magnifiques châteaux, celui d’Hamlet, qui donne sur le rivage suédois, imposant, puis Frederiksborg, avec sa chapelle qui est un véritable bijou de l’architecture baroque. En fait, baroque, tout le château l’est un peu avec ses pièces démesurées, ses statues exubérantes toutes dorées, son jardin singulièrement « à la française », bien protégé par la construction des embruns marins.
La mer, la mer, si seulement elle pouvait être plus souvent ainsi, azur, accueillante…. Mais que serait de Danemark sans ses bourrasques de vent, ses nuits qui tombent à quatre heures de l’après-midi en hiver, les trombes d’eau qui se déversent si souvent sur l’île ?
J’arrête là, je m’en vais à Liseleje, la plus sauvage des plages du nord, avant que l’eau ne soit trop froide pour s’y plonger… Ou plus exactement, avant de ne repartir pour un autre printemps, de l’autre côté de l’Equateur. Je reviendrai quand le Danemark arborera de nouveau sa tenue des jours de soleil, de fête !

Les pays nordiques existent-ils ?

« Je passe mon été dans les pays nordiques ». Tout en écrivant ces mots au dos d'une carte postale, je souris en pensant à la méprise que je commets. Comment peut-on oser employer ce terme générique pour désigner l’un des quatre pays nordiques, différents de fait. Singulièrement différents, pourrait-on rajouter après avoir discuté avec quelques Norvégiens. Voilà la précision apportée, c’est bien sur les côtes norvégiennes, au milieu d'un large complexe industrialo-portuaire que nous a déposé le « Crown of Scandinavia ». Sur mer, l’équipage était danois, à terre, l’intonation de la langue est moins dure, la prononciation moins gutturale… et les femmes ne sont pas blondes, contrairement aux Danoises !
Nous voilà sur la route : le bateau ne tarde pas à laisser s’échapper de ses entrailles la centaine de voitures qu’il renfermait. Chacun est sorti dans l’ordre et le calme, les oreilles encore un peu bourdonnantes et le corps tanguant légèrement après la nuit à bord. Heureusement, le parcours d’orientation pour rejoindre la route principale traversant le pays d’est en ouest est à peu près aussi efficace qu’une douche froide. Ici, tant qu’il ne faut pas tourner, on estime que vous êtes suffisamment intelligent pour continuer tout droit. Et ce même s’il y a douze bifurcations et dix sept virages avant le prochain panneau d’indication ! Le pays est vaste, immense par rapport au nombre d’habitants : on ne gaspille pas les panneaux de circulation, pas plus qu’on ne peut se permettre de refaire les routes… Bien sûr, l’Etat est riche, grâce au pétrole de la mer du Nord, mais en peuple chasseur qu’ils ont toujours été, les Norvégiens préfèrent amasser de l'or pour le jour où les sources se tariront. Il faut dire qu’à soixante dix dollars le baril, mieux vaut sans doute vendre aujourd’hui que demain…
Même si donc pour le conducteur, la traversée du pays pour rejoindre la hutte (autrement dit cabane) qui nous attend sur l’autre versant du pays se révèle assez exténuante, il faut reconnaître que de l’arrière, bien qu’un peu secoués, nous ne pouvons qu’apprécier le charme de ce paysage verdoyant, changeant, tantôt montagneux (si, si, nous avons vu la neige, en août !), tantôt plat, laissant paraître de vastes étendues sylvestres propices à la reproduction des trolls et des elfes. Partout, de l’eau. Lorsque l’on arrive dans les terres, cascades impressionnantes, torrents dévalant par-dessus les tunnels et immenses lacs ne sont jamais loin.
Ca y est, nous y sommes. On milieu de nulle part, au bout d’un chemin défoncé, une vieille dame ne parlant pas anglais nous attend à la réception. Sur les doigts de la main, elle nous indique que nous sommes dans la hutte numéro cinq. Et les clés ? Elle nous fait signe d’y aller. Remontons dans la voiture, encore quelques bosses, un à pic, un gué… et voilà la hutte en question, les clés sur la porte. Nous n’avons rien payé, elle n’a même pas notre nom, mais nous sommes ici comme chez nous! Nous en referons l’expérience: ici, la confiance règne.
Il faut attendre le lever du jour, vers cinq heures, pour découvrir où nous sommes : un petit chalet de bois, rustique bien que récemment construit, à une vingtaine de mètres du lac où l’eau claire nous attend pour un bain… revigorant.
Au programme de la semaine : tentatives de pêche en barque, tour du lac non balisé à travers épines et marécages, exploration des fjords alentours. Notre recette ? Prendre une route, aller jusqu’au bout, où généralement c’est la mer, une cabane de pêcheur, ou une propriété privée et le regard amusé des habitants que nous rencontrons.
Un jour que nous avons eu de la chance, nous sommes arrivés près d’un champ. Prise en tenaille entre le pays des trolls et celui des sirènes, une résidence coloniale au terrain impeccablement entretenu. A deux heures de route de la ville la plus proche ! Le terrain, immense, jouxte une forêt agripée aux escarpements et se jetant en d’immenses falaises dans la mer sombre. Préférant terrain de pique-nique plus modeste, nous avons jeté l’ancre pour quelques heures devant la cabane de pêcheur qui se trouvait à l’écart du bâtiment principal. Blottis au fin fond du fjord, dans nos manteaux malgré un soleil clément pour la saison, nous admirons la vue imprenable sur cette langue de mer. Parfois, au loin, un bateau de pêche qui sillonne les yeux poissonneuses apparait dans un brouillard fantomatique.
Petit crochet par la Norvège civilisée oblige, nous voilà à Bergen, ancien port hanséatique. On y parle toutes les langues, mais la reconstitution du village d'époque vaut le coup quand même... Ne serait-ce que pour nous rappeler que ce peuple de Vikings fut aussi commerçant et civilisé!
Trop tôt sans doute, il faut repartir. Pourtant, en une semaine, nous avons au moins retenu une chose: la Norvège est bien différente de ses voisins. Vu l'accueil qu'elle nous a réservé, elle n'est plus pour nous un pays nordique comme un autre ! Et tant pis si, disant que nous avons adoré le voyage, les Danois nous en veulent un peu, comme s'ils souffraient d'un complexe d'infériorité à côté de ce grand pays un peu trop fier à leur yeux!