samedi, décembre 24, 2005

Joyeux Noël!

Voilà notre petite famille réunie et heureuse de e retrouver pour un Noël sous l'Equateur. Malgré la pluie qui ne cesse pas beaucoup, nous nous rendonsrégulièrement à la boulangerie pour contruire une étagère et perfectionner l'art des crêpes. La peinture de notre chef d'oeuvre ne fut pas triste: "Quand les gringos bricolent, les locaux rigolent!" pourrait bien être notre nouveau slogan. Les graves gringos (étrangers) que nous sommes vous souhaitent donc de tout coeur un joyeux Noël!

jeudi, décembre 15, 2005

Juste une photo coup de coeur

dimanche, décembre 11, 2005

Un jour comme un autre...

Sans montre ni réveil, vers six heures et demi, avec le jour, je me réveille: la journée appartient à ceux qui se lèvent tôt! Bien qu’en fait les indiens soient déjà pour la plupart levés depuis pas mal de temps, cette heure, avec mes repères habituels, sonne encore un peu matinale. Un petit pain, un thé, suivis d’un brin de lessive sur la terrasse, les mains dans l’eau glacée, mais c’est par grave, la vue sur l’Altar et le Tungurahua dégagés, les deux volcans que nous voyons de la maison, compense.
Marielle se prépare à aller visiter une des quatre garderies, Pierrick revient de la messe. Je me pose devant l’ordinateur nommé Chimborazo, mot de passe: “mashi”, c’est à dire ami en quichua. Je reprends alors consciencieusement la traduction sur la reproduction des lamas laissée là hier soir, après avoir corrigé les modifications faites par l’ingénieur qui travail au diocèse de Riobamba sur le projet de réintroduction de l’espèce dans la province. Comment traduire que “Le colostrum est très riche en anticorps maternels qui vont apporter au petit une protection passive”? Dictionnaire, oh dictionnaire, viens à mon secours...
En milieu de matinée, Laura arrive, souriante et enjouée, on discute un peu avant de se remettre au travail. Eternelle curieuse, elle interroge: Où est Marielle? Est ce que Pierrick mange là ce midi? Tu fais quoi? Je pose l’ultime question: on mange quoi ce midi? Soupe avec des pommes de terre et spaghetti bolognaises.
Le repas vite pris – on m’attend à une heure marche de là- je pars d’un pas rapide, moules sur le dos, en direction de la boulangerie de Chancahuan. Petit chemin de terre battue, je croise quelques personnes qui me saluent de leurs champs où ils gardent patiemment leur animaux, assis dans un petit abris de paille. Ultime descente, un petit chemin qui serpente entre les eucalyptus, puis j’arrive au village.
La place principale est déserte, seule la femme de la tienda, l’épicerie communale, est à la fenêtre, en attente d’un hypothétique client. Accoudée au rebord de la fenêtre, la petite dernière d’un mois sur le dos, elle m’accueille avec le sourire. “15 oeufs s’il vous plait” Elle s’en va les préparer, ses trois autres gamins qui jouaient calmement dans la boutique à sa suite. “Les pains d’hier ne se sont pas vendus, il en reste 17. Les gens disent qu’ils étaient trop durs.” Et non, j’avoue, je n’ai pas encore le secret pour faire des pains tous mous qui ne durcissent qu’au bout de quatre jours. Pas facile de s’adapter à la demande locale... tout en essayant d’améliorer l’alimentation : comment faire un pain mou qui ne soit pas plein de margarine ? Nous en venons alors à la question fatidique: la clé de la boulangerie. “C’est le Président de la communauté qui est parti avec, il doit être à Riobamba.” Bien: je me résous à attendre son retour, tâchant de faire preuve de la même patience que les personnes avec qui je travaille...
Au bout d’une demi-heure, n’y tenant plus, je rejoins les maçons qui travaillent un peu plus bas et donne un coup de main au transport des briques. Arrive alors, non pas la clé, ce serait trop facile, mais la sœur cadette de Marivelle, avec qui je travaille habituellement. Longiligne, grande pour son âge, ses yeux pétillent de malice. “Ma sœur est partie aider aux champs aujourd’hui.” Elle a onze ans. Tout en portant quelque briques, on discute, j’ai du mal à croire que cette gamine n’a qu’un an de plus que ma petite sœur. Dans six mois elle aura fini l’école primaire, elle ira travailler à Riobamba, pour aider dans une boutique peut-être, sinon elle ne sait pas. Agile, elle poursuit sans s’interrompre, plus rapide que moi sans doute, le transport de briques. Une dans chaque main, la troisième posée sur les deux premières, et c’est parti.
Quand enfin revient le président de communauté avec la clé, nous troquons vêtements de chantier pour la blouse blanche. 10 livres de farine, un litre et demi d’eau... Tiens, c’est étrange, la pâte ne prends pas aujourd’hui. Quelle quantité d’eau as tu mis? Un litre et demi. J’en déduis que c’était une livre et demi. Pas facile de passer d’une mesure à l’autre, de lire la bonne ligne sur cette balance qui affiche le deux unités...
Flor fait signe par la fenêtre, elle viens rejoindre sa copine. Les mains à la pâte, elles murmurent et parfois répriment un éclat de rire. Elles se parlent en quichua, je tâche en vain de percer leurs mystères, elles n’articulent pas, parlent vite, et puis je n’ai pas assez de vocabulaire pour comprendre. Peut-être est-ce mieux ainsi. Si je dois savoir, elles finiront bien par me traduire. Je sais qu’on se moque un peu de moi, de mes fautes de grammaire, de ma manière de leur demander de s’activer un peu au moment d’enfourner.
Lorsque tout est dans le four, leur travail est fini, et l’enfance enfouie reparaît soudain, les deux gamines jouent à glisser sur le carrelage qui change de la terre battue de la maison, elles rêvent de jouer avec l’eau, eau courante ici, contrairement à la maison. Tout en se décidant à laver les plaques de four pendant que je suis au fourneau, elles entonnent un refrain en quichua, comme pour tromper l’ennui. C’est long cinq heures de suite à se concentrer quand on a onze ans.
L’aînée, Marivelle, revient des champs, qui accepte d’effectuer la vente ; à présent elle ose, elle avait si peur de ne pas en être capable au début, de ne pas le faire correctement, d’essuyer les critiques des acheteurs face à ce pain qui ne ressemble pas encore vraiment au pain d’ici. Il est cinq heures et demi, le m’en vais au pas de course pour ne pas rentrer de nuit. Sur mon dos, quelques pains qui sortent du four que je distribue à la communauté que je traverse sur le chemin du retour. On m’y appelle parfois par mon prénom maintenant : je n’arrive pas à me dire que c’est « normal » : rien n’est normal ici, tout est découverte, étonnement, rencontres jamais pareilles et expériences chaque fois renouvelées.



Ma deuxième élève, autre soeur de Marivelle, qui a ... 17 ans de plus qu'elle!

samedi, décembre 03, 2005

Quelques photos de l'escapade

Désolée, voilà un petit moment que je n’ai pas donné de nouvelles… c’est que j’étais partie… en vacances ! Et oui, ça n’a peut-être pas l’air, mis de donner des cours en espagnol cinq heures par jour dans la chaleur du fournil, les deux heures de marche aller-retour sous le soleil, ça fatigue ! Alors, j’avais besoin d’un peu de repos… enfin, façon de parler : avec Aude, qui est ici avec moi depuis le début, et Philippe, jeune prof de sport super sympa, nous sommes partis pour une petite expédition de cinq jours, á l’assaut du Sangay. Belle aventure riche en rebondissement ! Voilà pour le récit, l’appareil numérique est en charge, les photos suivront dans quelques heures.


J1 : Après avoir donné un cours de tartes et gâteaux à Chancahuan, je rentre au pas de course (il me faut quand même une heure), boucle mon fidèle sac Millet de 20 ans d’âge dans lequel ne rentre pas mon tout nouveau sac de couchage, bien chaud mais encombrant, avale un jus d’ananas et… nous voilà partis dans une espèce de petite voiture dans laquelle le guide nous conduit à sa communauté. L’engin ne dépasse pas les 50 kmh, il faut s’arrêter une dizaine de fois pour acheter les provisions : 50 œufs (je n’ai pas compris par quel miracle les chevaux pouvaient transporter sur les pentes à 45 degrés des œufs sans les casser), trois poulets, des sacs poubelle. Puis reste la rivière à traverser, les 2000 mètres de montée et autant de descente, pour enfin arriver dans la communauté de Guargualla qui sera notre point de départ. De là, une chossa nous attend pour la nuit, maison en paille plutôt confortable… et avec électricité ! Sympa pour lire et un peu le soir, sinon, avec le froid, il faut passer 13 heures dans le duvet alors, c’et un peu long…
Ah, j’oubliais, la clé n’était pas au rendez-vous, il a fallu faire sonner l’alarme de l’école pour que la personne qui avait la clé rentre des champs, notre guide est alors partit au galop la chercher…. Bref, après une bonne soupe et une plâtrée de pâtes, nous voilà à 18 heures sous les duvets, dormant une heure après.

J2 : En durée, journée normalement la plus longue : 8 heures de marche. Le paysage est magnifique, varié, nous défilons entre chevaux sauvages et ruisseaux, ne croisant qu’une seule personne de toute la journée. Point de départ, 3 500m, arrivée de même. Mais entre les deux, quand même 700m de montée et donc autant de descente...
Vers midi, le souffle manque, après une demi heure de montée. Enfin, les chevaux arrivent à l’horizon, nus aurons le droit de monter une heure chacun : le bonheur ! Je monte une jument superbe, suivie de près par son poulain qui se met parfois en travers du chemin pour l’obliger à s’arrêter pour pouvoir boire un peu. Nous sommes en plein cœur des Andes, nature vierge, et je suis sur un cheval qui je monte au licol (sans mors). De temps à autres, petit galop sans les mains, c’est pas la peine, les chevaux sont impeccablement dressés et les selles bien confortables….
Bien fatigués quand même (enfin, en tous cas les deux filles, Philippe étant relativement increvable, digne représentant de la race des jeunes agrégés d’EPS…) nous arrivons à une autre chossa, seule au milieu d’une grande plaine donnant sur le volcan. Il nous reste une vingtaine de minutes pour descendre à la rivière afin d’effectuer un brin de toilette romantique certes, mais un peu frais. Le repas se fait attendre, une heure dans le noir et le froid avant qu’enfin n’arrivent à nous soupe fumante et viande grillé. Service impeccable, notre « deuxième guide » est à l’école hôtelière de Quito, il fait 0 degrés et nous sommes sales mais il nous sert par la droite, d’un geste élégant et raffiné, n’oublie jamais de venir nous voir pour s’assurer que tout se passe bien. La table est bancale (il y en a une, on ne se plaint pas) et dès la fin du repas c’est sur la paille que nous dormons. On n’est plus à un décalage près.. Bien fatigués et un peu transis, nous admirons néanmoins le coucher de soleil sur le volcan. Demain, après six heures de marche, nous serons à son pied… cône parfait, merveille de la nature.

J3 : Lever difficile, dur dur de sortir du duvet quand il fait –5 et qu’il faut attendre le bol de thé chaud. Heureusement, grâce á mon bon gros duvet, j’ai quand même pas mal dormi. Je pars pour un petit tour, les chevaux sont en liberté, le volcan nous nargue. Il n’a pas de neige, il risque d’être difficile d’arriver en haut à cause des éboulements, nous prévient Alberto, le guide du pays qui connaît le terrain comme sa poche. Tant pis, nous sommes embarqués, nous irons jusqu’au bout. Au bout de nous-même, au bout de l’aventure, de nos possibilités. Les jambes tirent un peu, départ dans les hautes herbes, pour se donner du courage, on parle un peu, s’imaginant jouer aux guérilleros dans une végétation plus hautes que nous. Devant, le guide a le piolet bien en main : au cas où on rencontrerait des animaux, paraît-il : la vallée suivante de l’autre côté du volcan, c’est l’Amazonie. Rien en vue, juste des hautes herbes et le volcan en point de mire.
Après six heures de marche, à 14 heures, nous arrivons au camp de base. Le sommeil me prend à peine arrivée, sieste dans l’herbe en attendant que viennent nos sacs. Coucher avec le soleil vers 18 heures pour un réveil à…. Minuit !

J4 : Nos intuitions de la veille se révèlent juste, le second guide n’a ni frontale ni piolet, on se demande s’il est même vraiment guide. Tant pis, c’est parti il faut faire confiance, y aller, suivre celui qui connaît. Le rythme est rapide, nous passons de 3700m à 4 800 en quatre heures. Il faut monter sur une pente de 30 à 45 degrés, dans la cendre gelée, à la frontale. Ça glisse, c’est dur, le souffle manque, mais Philippe est devant il faut suivre. Jusqu’au moment où le ciel change, strié d’éclairs, la neige commence à tomber. Autour de nous, des éboulements, le volcan gronde. Il ne veut pas de nous, nous rejette, notre place n’est plus ici, dans la nuit noire sur cette pente raide de cendre et de rocs. Le demi-tour s’impose, 400 mètres sous le sommet dont le contour s’est évanoui dans les nuages. Nous perdons de l’altitude. C’est fini, le volcan restera invaincu.
Dure école que celle de la montagne. Ecole de l’humilité, de l’apprentissage de l’échec. Je grogne en moi-même : trois jours de marche d’approche pour faire demi-tour si près du but. Mais la fatigue arrive, accentuée par un coup de peur au moment des éboulements de part et d’autres de la faille où nous nous trouvions. Tant pis, belle aventure, bons moments partagés, cure de nature et d’exercice. Je ne croyais pas si bien penser : de retour au camp de base, sous la pluie battante, la journée entière reste à occuper. Deux possibilités s’offrent à nous : passer 24 heures dans les duvets dans une cabane qui prend l’eau par 3 degrés, on faire de suite l’étape suivante. Philippe s’impatiente : après une demi heure de sieste, un petit casse croûte et un feu pour faire sécher une polaire chacun, c’est repartit. Bilan : onze heures de marche dans la journée, 2 200 mètres de montée, autant de descente. Arrivée comme un zombie, état de fatigue maximal. Vive la paille et les duvets… le volcan apparaît, tout blanc, á l’horizon, beauté majestueuse.

J5 : Retour dans le Páramo, ces touffes d’herbes que l’on trouve entre 3 500 et 4000m. Deux heures de marche, une heure de cheval le matin, idem l’après midi. Les vivres manquant, un paquet de biscuits apéritifs et une pomme chacun. Un peu de pluie, on accélère le rythme. Enfin, la chossa qui a l’électricité est en vue, soulagement pour les jambes, joie de pouvoir lire un peu, mais tristesse inévitable de la fin du périple, d’autant qu’Aude et Philippe repartent dans quelques jours. Enfin, le lendemain, il devait y avoir une heure de marche avec les sacs il y en aura trois, la personne qui devait nous ramener ne reviendra pas, retour en taxi communautaire sur la route boueuse à quatre devant. Pierrick nous attend sur le pas de la porte, il fait quand même bon rentrer à la maison !