jeudi, août 31, 2006

De retour au Danemark... et petite soirée sociologique!

Me revoilà à Copenhague, après vacances en France et travail en Suisse... une interruption éditoriale sans doute la plus longue de la courte histoire de ce blog! Chères lectrices, chers lecteur, veuillez m'en excuser!


Cette soirée aurait pu être très ennuyeuse : une fête avec les voisins (Danois !) de la rue, des gens que je ne connais pas pour la plupart. Mais j’ai développé ces derniers temps un antidote contre l’ennui particulièrement efficace en –presque- toutes les circonstances. Il me suffit de changer de lunettes. Pas de verres correcteurs, non, juste de regard. De ne plus être là pour être partie prenante de l’activité que je réalise (soirée, courses alimentaires, vélo…) mais avant tout pour observer l’attitude de ceux dont je ne comprends pas la langue.

La fête a lieu dans la rue, sous une grande tente montée pour l’occasion. Depuis midi, les enfants ont envahi le nouveau terrain de jeu (la route fermée) avec vélos et patins, profitant de l’absence de circulation. Vers 18 heures, les bras chargés de salade ou gâteau, les « voisins » arrivent, sous des parapluies. Ceux qui n’ont pas sorti l’accessoire courent se réfugier sous la tente que nous espérons tous « water-proof » : il pleut des cordes !
Une fois passée cette formalité (la pluie n’arrête pas les Danois, sinon ils ne feraient pas grand-chose de leur vie !), c’est l’heure de la coupe de champagne, des salutations avant de regagner les places attitrées. Mon voisin de table, un blond aux yeux bleus d’une vingtaine d’années, m’adresse quelques mots en danois, puis, voyant ma tête, il esquisse une pause. J’en profite pour lui dire en danois que… je ne parle malheureusement pas sa langue (non, je ne sais pas dire « malheureusement » en danois, je hausse les épaules pour ça..). Là, je le vois faire une drôle de tête, comme s’il se retenait de rire en entendant mon accent. Il comprend qu’il doit donc prononcer quelques mots en anglais. “My name is Troels (prononcer Treuls), but you can call me Bill”. Me voilà bien avancée…
Et lui de poursuivre en danois avec sa voisine de droite.
Je retourne à mon observation silencieuse, tout comme Florian qui est à une table d’adultes peu soucieux de son cas, son voisin de droite n’hésitant pas à parler à son voisin de gauche comme s’il n’existait pas.
En face de moi, un jeune homme aux cheveux en désordre, portant un survêtement orné de moutons gris et blancs. Cette observation vestimentaire m’amène à remarquer que Troels, dit Bill, porte quant à lui une cravate sur son T- shirt Lacoste bleu marine (un faux, le Lacoste ? sûrement… mais il ne s’agit que d’une supposition, puisque je n’ai pas de preuve me permettant de valider mon affirmation et de la rendre, de ce fait, scientifiquement exacte.)
Après l’observation vestimentaire, celle de l’éclairage… Des bougies, au milieu de la table, comme toujours. Bon, certes, il fallait bien un peu de lumière, mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus pratique, ces grandes bougies hautes et fines dont la flamme vacille au milieu du visage de votre interlocuteur lorsque vous tentez de lui adresser la parole (ce qui requiert, dans mon cas, un certain courage…). Mais, les bougies, c’est comme la politesse ou l’habillement, c’est CULTUREL !!!
« Skol ! » Ah oui, bien sûr, skol, « santé » quoi, ou « tchin » pour parler plus français que suisse. Je lève mon verre. Tout le monde a déjà commencé à boire et manger depuis bien longtemps, mais puisqu’il en est ainsi… Bref, je retourne à mon assiette, une courgette aux crevettes, je m’attendais à pire. Et ça recommence. « Skol !» Quoi encore ? Oui, se donne la peine de m’expliquer mon voisin en voyant mon air étonné, on trinque à chaque plat, et à la fin du repas pour remercier les organisateurs, ceux qui ont cuisiné, et même pourquoi pas à l’avance ceux qui se sacrifieront au rangement … Et chez nous, plus on est soul et plus on se félicite mutuellement. Ce n’est qu’un début…

C’est à présent l’heure des devinettes. « Un éleveur a 10 lapins, tous vivent sauf un, combien en reste-t-il ? » Neuf bien sûr ! Flo remporte brillement ce concours, avec l’aide de son voisin et une savante méthode de copiage (puisqu’il ne pouvait pas lire les questions plus que moi). Bref, peut-être devrait-il se reconvertir dans le copiage industriel… Et dire qu’il faut qu’il attende l’après bac pour se découvrir un tel talent, cela n’aurait-il pas pu lui servir plus tôt ?
Aux jeux en tous genres (Quelle est la première chose que fait votre femme le matin en se levant ? Et l’épouse de se reconnaître dans ce geste singulier…) succède le concours de gâteaux. Les épais glaçages blanc neige rivalisent avec le vert pomme d’un brownie au chocolat (est-ce un pléonasme ? je n’ai pour l’instant pas résolu cette énigme…) sur lequel son campés des oursons Haribo symbolisant des joueurs de foot. Mon lapin en génoise nappé de noix de Coco gagne au vote, je n’ai pas su expliquer de quoi il était fait, mais il faut croire que mon année de boulangerie m’a permis de lui donner un air suffisamment sympathique et appétissant pour qu’il séduise. Petite victoire, mais quand on ne comprend rien, quelques applaudissement et la reconnaissance d’un talent, si infime soit-il, font toujours plaisir.
Maman poursuit ses conversations en danois, va chanter Kim Larsen (chanteur le plus danois des Danois) jusqu’à deux heures du matin. Avec Flo et papa nous abandonnons là pour les efforts d’intégration et sombrons dans un repos bien mérité. Avant de repartir pour d’autres découvertes culturelles…