samedi, décembre 03, 2005

Quelques photos de l'escapade

Désolée, voilà un petit moment que je n’ai pas donné de nouvelles… c’est que j’étais partie… en vacances ! Et oui, ça n’a peut-être pas l’air, mis de donner des cours en espagnol cinq heures par jour dans la chaleur du fournil, les deux heures de marche aller-retour sous le soleil, ça fatigue ! Alors, j’avais besoin d’un peu de repos… enfin, façon de parler : avec Aude, qui est ici avec moi depuis le début, et Philippe, jeune prof de sport super sympa, nous sommes partis pour une petite expédition de cinq jours, á l’assaut du Sangay. Belle aventure riche en rebondissement ! Voilà pour le récit, l’appareil numérique est en charge, les photos suivront dans quelques heures.


J1 : Après avoir donné un cours de tartes et gâteaux à Chancahuan, je rentre au pas de course (il me faut quand même une heure), boucle mon fidèle sac Millet de 20 ans d’âge dans lequel ne rentre pas mon tout nouveau sac de couchage, bien chaud mais encombrant, avale un jus d’ananas et… nous voilà partis dans une espèce de petite voiture dans laquelle le guide nous conduit à sa communauté. L’engin ne dépasse pas les 50 kmh, il faut s’arrêter une dizaine de fois pour acheter les provisions : 50 œufs (je n’ai pas compris par quel miracle les chevaux pouvaient transporter sur les pentes à 45 degrés des œufs sans les casser), trois poulets, des sacs poubelle. Puis reste la rivière à traverser, les 2000 mètres de montée et autant de descente, pour enfin arriver dans la communauté de Guargualla qui sera notre point de départ. De là, une chossa nous attend pour la nuit, maison en paille plutôt confortable… et avec électricité ! Sympa pour lire et un peu le soir, sinon, avec le froid, il faut passer 13 heures dans le duvet alors, c’et un peu long…
Ah, j’oubliais, la clé n’était pas au rendez-vous, il a fallu faire sonner l’alarme de l’école pour que la personne qui avait la clé rentre des champs, notre guide est alors partit au galop la chercher…. Bref, après une bonne soupe et une plâtrée de pâtes, nous voilà à 18 heures sous les duvets, dormant une heure après.

J2 : En durée, journée normalement la plus longue : 8 heures de marche. Le paysage est magnifique, varié, nous défilons entre chevaux sauvages et ruisseaux, ne croisant qu’une seule personne de toute la journée. Point de départ, 3 500m, arrivée de même. Mais entre les deux, quand même 700m de montée et donc autant de descente...
Vers midi, le souffle manque, après une demi heure de montée. Enfin, les chevaux arrivent à l’horizon, nus aurons le droit de monter une heure chacun : le bonheur ! Je monte une jument superbe, suivie de près par son poulain qui se met parfois en travers du chemin pour l’obliger à s’arrêter pour pouvoir boire un peu. Nous sommes en plein cœur des Andes, nature vierge, et je suis sur un cheval qui je monte au licol (sans mors). De temps à autres, petit galop sans les mains, c’est pas la peine, les chevaux sont impeccablement dressés et les selles bien confortables….
Bien fatigués quand même (enfin, en tous cas les deux filles, Philippe étant relativement increvable, digne représentant de la race des jeunes agrégés d’EPS…) nous arrivons à une autre chossa, seule au milieu d’une grande plaine donnant sur le volcan. Il nous reste une vingtaine de minutes pour descendre à la rivière afin d’effectuer un brin de toilette romantique certes, mais un peu frais. Le repas se fait attendre, une heure dans le noir et le froid avant qu’enfin n’arrivent à nous soupe fumante et viande grillé. Service impeccable, notre « deuxième guide » est à l’école hôtelière de Quito, il fait 0 degrés et nous sommes sales mais il nous sert par la droite, d’un geste élégant et raffiné, n’oublie jamais de venir nous voir pour s’assurer que tout se passe bien. La table est bancale (il y en a une, on ne se plaint pas) et dès la fin du repas c’est sur la paille que nous dormons. On n’est plus à un décalage près.. Bien fatigués et un peu transis, nous admirons néanmoins le coucher de soleil sur le volcan. Demain, après six heures de marche, nous serons à son pied… cône parfait, merveille de la nature.

J3 : Lever difficile, dur dur de sortir du duvet quand il fait –5 et qu’il faut attendre le bol de thé chaud. Heureusement, grâce á mon bon gros duvet, j’ai quand même pas mal dormi. Je pars pour un petit tour, les chevaux sont en liberté, le volcan nous nargue. Il n’a pas de neige, il risque d’être difficile d’arriver en haut à cause des éboulements, nous prévient Alberto, le guide du pays qui connaît le terrain comme sa poche. Tant pis, nous sommes embarqués, nous irons jusqu’au bout. Au bout de nous-même, au bout de l’aventure, de nos possibilités. Les jambes tirent un peu, départ dans les hautes herbes, pour se donner du courage, on parle un peu, s’imaginant jouer aux guérilleros dans une végétation plus hautes que nous. Devant, le guide a le piolet bien en main : au cas où on rencontrerait des animaux, paraît-il : la vallée suivante de l’autre côté du volcan, c’est l’Amazonie. Rien en vue, juste des hautes herbes et le volcan en point de mire.
Après six heures de marche, à 14 heures, nous arrivons au camp de base. Le sommeil me prend à peine arrivée, sieste dans l’herbe en attendant que viennent nos sacs. Coucher avec le soleil vers 18 heures pour un réveil à…. Minuit !

J4 : Nos intuitions de la veille se révèlent juste, le second guide n’a ni frontale ni piolet, on se demande s’il est même vraiment guide. Tant pis, c’est parti il faut faire confiance, y aller, suivre celui qui connaît. Le rythme est rapide, nous passons de 3700m à 4 800 en quatre heures. Il faut monter sur une pente de 30 à 45 degrés, dans la cendre gelée, à la frontale. Ça glisse, c’est dur, le souffle manque, mais Philippe est devant il faut suivre. Jusqu’au moment où le ciel change, strié d’éclairs, la neige commence à tomber. Autour de nous, des éboulements, le volcan gronde. Il ne veut pas de nous, nous rejette, notre place n’est plus ici, dans la nuit noire sur cette pente raide de cendre et de rocs. Le demi-tour s’impose, 400 mètres sous le sommet dont le contour s’est évanoui dans les nuages. Nous perdons de l’altitude. C’est fini, le volcan restera invaincu.
Dure école que celle de la montagne. Ecole de l’humilité, de l’apprentissage de l’échec. Je grogne en moi-même : trois jours de marche d’approche pour faire demi-tour si près du but. Mais la fatigue arrive, accentuée par un coup de peur au moment des éboulements de part et d’autres de la faille où nous nous trouvions. Tant pis, belle aventure, bons moments partagés, cure de nature et d’exercice. Je ne croyais pas si bien penser : de retour au camp de base, sous la pluie battante, la journée entière reste à occuper. Deux possibilités s’offrent à nous : passer 24 heures dans les duvets dans une cabane qui prend l’eau par 3 degrés, on faire de suite l’étape suivante. Philippe s’impatiente : après une demi heure de sieste, un petit casse croûte et un feu pour faire sécher une polaire chacun, c’est repartit. Bilan : onze heures de marche dans la journée, 2 200 mètres de montée, autant de descente. Arrivée comme un zombie, état de fatigue maximal. Vive la paille et les duvets… le volcan apparaît, tout blanc, á l’horizon, beauté majestueuse.

J5 : Retour dans le Páramo, ces touffes d’herbes que l’on trouve entre 3 500 et 4000m. Deux heures de marche, une heure de cheval le matin, idem l’après midi. Les vivres manquant, un paquet de biscuits apéritifs et une pomme chacun. Un peu de pluie, on accélère le rythme. Enfin, la chossa qui a l’électricité est en vue, soulagement pour les jambes, joie de pouvoir lire un peu, mais tristesse inévitable de la fin du périple, d’autant qu’Aude et Philippe repartent dans quelques jours. Enfin, le lendemain, il devait y avoir une heure de marche avec les sacs il y en aura trois, la personne qui devait nous ramener ne reviendra pas, retour en taxi communautaire sur la route boueuse à quatre devant. Pierrick nous attend sur le pas de la porte, il fait quand même bon rentrer à la maison !



1 Comments:

Blogger Savio Michellod said...

Eh bien quelle belle aventure! Tu es presque prête pour rejoindre l'armée suisse ;) Je dis presque car nous n'avons pas droit à tant de sommeil, que nous devons parfois attendre plus d'une heure pour que le repas arrive (dans le froid et s'il arrive!) et que nous n'avons pas la chance d'avoir une boisson chaude après une nuit dans les froides plaines hélvétiques!
Pour toi l'aventure continue donc, pour moi, elle s'est achevée vendredi et j'ai déjà rejoint les bancs de l'université de Fribourg (sous la neige). Bonne chance pour la suite! Et pour ton retour, il faudra non seulement un goûter, mais également une marche (nous avons tous deux eu un entraînement particulier dans ce domaine).

11:43 AM  

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