Chiquicaz
Cours de gym, cours d’informatique, cours d’anglais... en attendant que la formation en boulangerie commence vraiment (14 de noviembre), lorsque je ne suis pas dans les boulangeries et les moulins pour connaître les prix et les qualités, je donne un coup de main comme je peux dans la communauté de San Fransisco.
Hier, cependant, je n’ai pas passé beaucoup de temps á la maison car c’était le deux novembre, belle fête à l’occasion de laquelle les gens viennent parler aux morts sur les tombes et se retrouvent autour du souvenir du défunt. Trois messes, trois célébration différentes dans les communautés qui ont leur cimetière, c’était vraiment un moment fort. Tant de foi et d’espoir dans la vie après la mort, dans la croyance d’une présence parmi les vivants des défunts. « Mamita, le petit dernier est malade, du ciel, veille sur elle. » « Tayta, la récolte à été mauvaise, aide nous par ta sagesse… »
La dernière messe avait lieu à Chiquicaz. C’est la communauté la plus isolée du diocèse, à 3 600 mètres d’altitude. Le cimetière est un incroyable belvédère. En dépis du dénuement, les gens sont vraiment adorables, souriants, même plus qu’ailleurs. Etonnés que des blancs s’intéressent à leur village alors que les métisses depuis longtemps ne s’y rendent plus, les habitants étaient fiers que Pierrick ne soit pas là seul : après tout, il est le Père, sa présence est « noramale »… La mienne l’était moins. Touchée par tant de gentillesse à mon égard, lorsque j’ai appris ce matin qu’ils avaient un four á pain, j’ai décidé de monter là haut pour en savoir un peu plus. Trois ruisseaux à traverser, un pont de vingt centimètres de large au-dessus de trois mètres de vide, des petits chemins de terre qui serpentent à travers les failles… après deux heures et demi de montée, je suis finalement arrivée en haut. Là, les gens étaient encore plus étonnés que la veille de me voir. Ils ont commencé à me raconter qu’il y a deux ans ils avaient du pain frais, mais l’acheminement de la matière première coutant trop cher, ce n’était pas rentable. Depuis, ils sont livrés deux fois par semaine par Riobamba : c’est le pire pain que j’ai mangé depuis que je suis ici : fade et dur à la fois. Même à la fin de ma ballade, alors qu’il était midi et que j’avais cinq heures de marche dans les pattes, je n’y ai pas touché. Je crois que j’aurais encore préféré croquer une des carottes tout juste sorties de terre que m’a donné un paysan au passage ! Une chose après l’autre, pour l’instant je concentre mes forces sur Chancahuan, car c’est loin d’être gagné. Mais je crois bien que je suis tombée amoureuse de ce petit coin de terre tout proche du ciel qu’est la communauté de Chiquicaz !
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