jeudi, octobre 27, 2005

Carihuairazo

Il y avait au départ l’envie, le désir, la folie de suivre les jeunes avec qui je vis depuis trois semaine au sommet du Chimborazo, la plus haute (3 610m) et sans doute la plus belle montagne du pays. J’avais déjà pas mal marché avec eux, pour sûr, ils allaient un peu plus vite, mais pas grand chose. Et puis, pour l’ambiance, symboliquement, c’était sympa…

Puis vint le temps de la raison: se lancer dans une telle aventure en étant acclimatée mais sans préparation physique particulière autre que mon heure de marche quotidienne, n’est ce pas de la folie ? Je réfléchis plusieurs nuits durant, souvenirs de frayeurs alpines et d’une chute dans une crevasse en particulier, la peur de l’avalanche, de faire plus que ce dont je suis capable, le sentiment d’une certaine inconscience. Impossible pourtant pour moi de les laisser s’élancer vers les cimes le jour de mes vingt ans et de les attendre au refuge. J’en rêve et en fais des cauchemars. Je connais peu la montagne mais assez pour savoir qu’une aventure peut mal tourner. Je me réveille en sursaut, persuade d’être allée trop loin. Je discute, j’explique, je mets en œuvre les conseils oratoires de nos professeurs de sciences po. Je ne parviens á convaincre personne. Puisque c’est comme ça, je monterai aussi, j’irai jusqu’où je pourrai.

Est-ce l’école ou pas, je réussis finalement á convaincre Aude de revenir á projet plus raisonnable. On cherche, on regarde ce qui trône autour de nous: l’Altar, trop technique, le Tungurawa, interdit car actif, et puis. Blotti à la droite du vénéré Chimborazo, son fils, comme disent les indigènes, le Carihuairazo. Petit 5000 de glace et de rocs.


J -1
Il est neuf heures et demi et nous attendons le guide depuis une demi heure. Il finit pas arriver, les mains pleines de suie, sa voiture ne démarrait pas. Commence alors la folle épopée à travers tout Riobamba pour trouver le matériel nécessaire: des chaussures pointure 46 pour Damien, six paires de crampon, autant de gants et de sur pantalons. Chaque fois que Raphaël, le chef des guides croise un collègue, il s’arrête et demande si par hasard il n’y aurait pas une paire de crampons de libres. Rassurant...
Fond de cour aux confins de la ville où l’on propose au pauvre Damien des Koflach sans chausson à l’intérieur, à Astrid des chaussures de randonné deux pointures trop grandes. Personnellement, après m’avoir dit que mes chaussures n’étaient pas cramponables, on m’explique qu’il n’y a finalement pas beaucoup de neige et que des crampons à lanière feront l’affaire. Aude se retrouve finalement avec les chaussures d’Astrid qui garde les trop grandes et opte pour la paire de chaussettes supplémentaires. Le plus drôle fut sans doute l’essayage des tenues, des manteaux de plume jaune fluos datant des années 70 aux pantalons polaire bien trop large pour les filles et largement trop petits pour les grands gaillards! Si au moins je comprenais un peu moins l’espagnol (que je suis la seule à comprendre avec Marielle qui n’est pas des nôtres quand il s’agit d’exploits sportifs), je n’aurais pas eu á traduire que deux heures avant le départ il manquait encore quatre paires de crampon....
Conclusion: les gens sensés viennent avec leur matériel. Heureusement que Pierrick connaît les guides et les sait consciencieux et fiables. En effet, ils font le Chimborazo jusqu’en haut en moyenne trente fois par an chacun…

Départ à trios heures, nous conduisons à travers un brouillard á couper au couteau sur une route étroite et dans une voiture qui ne peut physiquement dépasser les 60 kh/h les courageux grimpeurs du Chimborazo. A posteriori, ce fut peut-être le moment le plus risqué de l’ascension: pas de phares, les virages, l’humidités, conduite au klaxon pour se signaler aux éventuelles voitures qui arrivent en face. Les bus nous fròlent, comme nous sommes bien finalement sur les routes cabossés de terre…. Leur échec ( respectivement á 5 500 mètres et 5 700 pour chaque cordée, nous désolera pour eux, mais ne fera que nous conforter dans notre choix.
Sans regret, Aude et moi continuons la route vers “notre” sommet. Chef des guides et Angel, notre guide, sont adorables, nous expliquent plein de choses sur la région et nous laissent faire un tour à l’arrivée pour prendre les vigognes sauvages et le coucher de soleil sur le Chimbo en photo pendant qu’ils font la cuisine! La nuit tombe et les locaux passent à cheval au grand galop, rejoignant leurs maisons de paille.
Délicieuse viande grillée, Pâtes et riz, puis petits gâteaux Nestlé. Le ventre bien rempli, nous nous couchons à mène le sol de planches Dana nos duvets avec sur nous absolument tous les vêtements diponibles.

Jour J: 27 octobre
Anniversaire oblige, le pot de Nutella attend à deux heures du matin avec le pain grillé ! Départ á la frontale, le Coeur battant, impatiente de m’élancer dans la nuit et le froid avec pour seúl horizon les étoiles et le croissant de lune. Nous cheminons au milieu des joncs et des cailloux, tranquillement pour habituer nos cœurs á l’altitude: au bout d’une heure on est déja à 4 500 mètres, Presque l’altitude du Mont Blanc. Les montées tirent sur les mollets et nous font respirer comme si nous courrions à 15 à l’heure depuis dix minutes. Le guide s’arrête à volonté, calme et sûr, retrouvant le chemin à peine tracé dans un dédale de pierres... sans mème allumer sa lampe alors qu’il fait vraiment nuit. Le col approche, la silhouette du Carihuairazo se détache du ciel qui se teinte peu è peu de bleu marine. Petit sommet neigeux que nous attaquons bientôt crampons aux pieds. Le ciel se couvre, mais l’excitation d’atteindre la glace nous motive mème si de vue il n’y a pas. La dernière heure est raide, dans de la caillasse gelée. En fin, c’est le sommet, petite parcelle de l’univers qui devient notre le temps de savourer la victoire, de faire quelques photos et... de chanter Joyeux anniversaire en versión bilingue!

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Difficile de ne pas frissonner a la lecture de ton ascension !!
Bravo ma fille ,tu te souviendras longtemps de cette magnifique journée de tes 20 ans Maman

1:21 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Home