samedi, octobre 01, 2005

Réunion communautaire

Réunion de communauté

Il fait deja nuit lorsque l’unique voiture se gare á proximité de la salle de réunion de la communauté. Après les trous et les bosses successifs, il fait bon poser pied sur la terre ferme. A l’intérieur, le Presidente, responsable de la communauté, interrompt son discours pour saluer l’arrivée du Padrecito. Un Petit père des peuples qui n’a rien de stalinien sinon la volonté de changer les choses en faveur de cette communauté très démunie. Ce soir, il est venu avec deux étudiantes en économie qui présentent un projet de commercialisation de la laine de lama, ainsi que quelques volontaires. A notre arrivée, les gens se lèvent, nous saluent, agitant leur chapeau et faisant voler le long ruban noir qui l’entoure. « Buenas tardes, buenas tardes ».
Le Padre intervient, monte sur l’estrade et en decsend á loisirs, oscillant toujours entre la position de leader du projet et celle de proche de l’assemblée. Il explique, en guise d’introduction, l’origine de la venue de toutes ces têtes étrangères, introduisant chacun pour finalement céder la parole á Carmen, seule indigène de sa promotion (elle est doctorante á l’université), et Véronika, sa camarade de projet. L’air détendue, souriante, Carmen expose les avantages principaux que représentent la possession d’un lama par rapport á celle d’un mouton : il n’arrache pas les racines des herbes qu’il mange, produit de la laine de meilleure qualité, sa viande est plus saine et plus goutée.
Déjà, les premières objections arrivent, émanant d’un homme légèrement émèché mais que l’on laisse tout de même s’exprimer, droit de parole de chacun oblige. Dans les limites du raisonnable tout de même : après dix minutes d’inutiles et á peine compréhensibles palabres, Carmen reprend la parole. A la prochaine tentative d’intervention, le brave homme un peu gai aura quelques difficultés á se faire entendre : toute prise de parole suppose de lever la main, or quelqu’un sera discrètement venu lui tenir les poignets afin de rendre l’opération impossible !
Véronika, une métisse peu famillière du monde indigène se montre nettement moins á la l’aise que sa camarade : elle parle vite, ne regarde guère son auditoire, amoncelle les chiffres devant une assemblée qui ne tarde pas á se partager entre les parleures et les dormeurs… Quelques femmes tricottent en écoutant d’une oreille distraite : la présence aux réunions communautaires est obligatoire pour au moins un desmembres de chaque foyer, en revanche, l’écoute ne l’est pas….
Le silence retombe, le Président en profite pour solliciter le passge en quechua. Carmen récupère le flambeau, récapitulant pour les oreilles un peu distraites. Le mot de la fin du maÇon, celui du Presidente, et finalement quelques applaudissements pour le Padrecito qui rappelle qu’un pull de lama peut se vendre 50 dollars en France, soit un mois de salaire ici. La production va bientôt commercer, tous les « compañeros » de Pierrick auront par conséquent droit á une bonne bierre fraiche.. ä savourer avant le retour en 4.4 dans la nuit á l’arrière sur les planches en bois de préférence !