jeudi, septembre 01, 2005

Et le Danemak alors?
Après avoir fait l’éloge de la Norvège, je me sens quand même un peu coupable vis-à-vis du petit pays que j’habite quand même depuis quelques semaines. Il est plus facile de peindre une terre surprenante, que la courte durée du séjour rend encore plus fascinante, qu’un pays plat (Ah, les montagnes Suisses…) qui nous fait subir les aléas d’un quotidien pas toujours simple. Pourtant, si j’inventais une semaine au Danemark, juste une…
Il ferait beau au moment de l’arrivée par avion ; le soleil achèverait de se lever et ferait miroiter l’eau sur le champ d’éoliennes qui borde les eaux jouxtant l’aéroport. Au moment du virage final afin de se mettre face à la piste d’atterrissage, l’avion laisserait voir du côté gauche le pont, aérien puis paraissant mystérieusement sous l’eau, ce petit bijou d’architecture reliant le Danemark à son vassal d’autrefois, l’empire suédois.
De l’aéroport, à supposer que les finances me le permettent, je prendrais un taxi pour aller en centre ville. Le chauffeur serait un de ces émigrés incroyables ayant traversé toute l’Europe, venant d’Arménie ou de Hongrie. Il parlerait Danois, aurait appris cette langue si difficile en écoutant la radio, de longues heures durant. Il maîtriserait également l’anglais, détail bien pratique pour pouvoir partager le récit de ses passionnantes aventures. Et déjà, les clochers dorés, place de la mairie, l’arrivée. L’addition est un peu salée, mais la conversation en valait la peine… et puis, il faut bien que ce brave travailleur ait de quoi vivre avec le salaire qu’il lui restera après que l’Etat aura ponctionné cinquante pourcents de taxes !
Devant la place de la mairie, un groupe de quatre Indiens en costumes traditionnels alternent morceau à la flûte de Pan et air de Titanic. Au bout de la place commence la rue piétonne. Personne ne s’avisera de traverser au rouge, respect des lois –et peut-être aussi peur des amendes conséquentes- obligent.
Profiter d’un soleil qui ne cogne pas trop fort, des visages détendus, des gens aimables qui prennent le temps de se balader, passant devant l’opéra, poursuivant le long du quai du port, une « Soft ice » trempée dans du chocolat fondu à la main. Bien sûr, il y aurait les deux sœurs violonistes jouant Bach au début du quai, et puis mon groupe de jazz fétiche, avec un clarinettiste, évidemment ! A la locale, il faut s’asseoir sur le rebord et se laisser aller, éventuellement une bière à la main, à refaire le monde ou à écouter les différentes langues parlées par les touristes qui ne ratent jamais cet endroit fort joli avec toutes ses façades colorée donnant sur le baie, son ambiance chaleureuse.
Sans doute, le vent ne tarderait pas à se lever ni la pluie à tomber, ce qui constituerait une excellente raison de se rendre au musée national, regorgeant d’objets étranges venus d’ailleurs, des restes d’un drakkar Viking aux tenues traditionnelles du Groenland en passant par les amphores grecques.
Et pour finir en beauté, pourquoi par un petit détour par la fabrique de la bière Carlsberg, dont l’entrée monumentale composée de deux éléphants ne peut laisser indifférent. Enfin, le « must », reste la dégustation….
N’ayant pas une connaissance très pointue des hôtels du pays, mon voyage ne comporte pas de nuits, exception faite de la première, où j’expérimenterais le majestueux « Hôtel d’Angleterre », celui qui donne sur l’opéra et où sont logés les musiciens des orchestres invités.
Avec un peu de chance, le deuxième jour tomberait un samedi, et plus précisément de deuxième d’août. Dans un des recoins herbeux de la citadelle, sous un soleil de nouveau clément, des centaines de têtes blondes seraient assises dans l’herbe, se préparant à admirer la présentation de la saison de l’opéra. Jeunes et moins jeunes, danseurs passionnés et simples curieux viennent assister à des extraits des spectacles qui seront proposés la saison prochaine. Adorables petits rats, chorégraphie dynamique et enjouée des jeunes danseurs, joli Pas de deux…
La Petite sirène étant à seulement quelques pas, il serait stratégique de quitter le présentation assez rapidement afin de pouvoir réaliser LA photo du siècle avec personne d’autre que la célèbre statue au premier plan. Pas de car de Japonais en vue ? Il y a des chances !
C’est le moment de faire un peu d’exercice physique. Prenant un des vélos mis à disposition par la mairie, il faut moins d’un quart d’heure pour se rendre de l’autre côté de la baie. En front de mer, des bâtiments (oserais-je dire « comme toujours » ?) en brique rouge, surtout des bureaux, quelques appartements. Une centaine de mètres en retrait se cache un quartier nettement plus intéressant : Christiania. Là vivent, au milieu de murs peints de toutes les couleurs, dans des cahutes de bois reliées entre elles par des chemins de terre, les hippies parmi les plus actifs d’Europe. En plein cœur de la capitale, refusant tout ce que l’ère de la consommation peut avoir d’excessif mais aussi de pratique, ils bricolent, réparent, revendent (officiellement plus de drogue…), veillant à leur stricte auto suffisance et indépendance. Dans ce havre de paix et de verdure, certes boueux et gelé en hiver, il fait bon vivre l’été, les enfants jouent dehors, les touristes passent l’air ébahis, un brin nostalgiques.
Cette échappée nature en plein cœur de la ville donne envie de découvrir l’arrière pays. Bon, pendant quelques dizaines de kilomètres, à la banlieue de Copenhague succèdent les champs : il y a mieux. L’avantage, c’est que comme la capitale est sur une île, on finit toujours par retrouver le mer un peu plus loin, et avec un peu de chance, ou une bonne carte, on peut voir paraître des plages, fort sympathiques. La mer claire et calme à la fois, le Gulf Stream qui rend l’eau d’une température… envisageable pour la baignade. Jadis lieu de prédilection des impressionnistes Danois, les plages du Nord se prêtent aujourd’hui aux piques niques du dimanche, séances de bronzage (qui sont remplacées l’hiver par les Solcenter, ces soi-disant magasins de soleil que l’on trouve à tous les coins de rue). Agréables aussi sont les longues randonnées d’un village à un autre, les pieds dans l’eau ou le sable. Ces petits villages là sentent bon la tradition, la calme, les vacances, avec les barques de pêcheurs encore sorties, les rues pavées et les ruelles étroites débouchant soudain sur l’océan.
La redescente vers la capitale serait ponctuée par la visite de deux magnifiques châteaux, celui d’Hamlet, qui donne sur le rivage suédois, imposant, puis Frederiksborg, avec sa chapelle qui est un véritable bijou de l’architecture baroque. En fait, baroque, tout le château l’est un peu avec ses pièces démesurées, ses statues exubérantes toutes dorées, son jardin singulièrement « à la française », bien protégé par la construction des embruns marins.
La mer, la mer, si seulement elle pouvait être plus souvent ainsi, azur, accueillante…. Mais que serait de Danemark sans ses bourrasques de vent, ses nuits qui tombent à quatre heures de l’après-midi en hiver, les trombes d’eau qui se déversent si souvent sur l’île ?
J’arrête là, je m’en vais à Liseleje, la plus sauvage des plages du nord, avant que l’eau ne soit trop froide pour s’y plonger… Ou plus exactement, avant de ne repartir pour un autre printemps, de l’autre côté de l’Equateur. Je reviendrai quand le Danemark arborera de nouveau sa tenue des jours de soleil, de fête !