vendredi, mars 24, 2006

Ils ne les ont pas laissés entrer !

Je ne sais pas ce qui leur arrive, peut-être la perspective de mon départ, mais les jeunes m'impressionnent ces jours-ci...

Hier, ils ont fait le pain entièrement seuls. 200 pains. Persuadée qu'il n'y avait plus de gaz à cause de la grève qui paralyse tout le pays depuis 10 jours, je ne suis pas venue. Myrian a pris la bouteille de sa gazinière (tant pis, on cuisinera au feu de bois, m'a-t-elle dit!), et ils ont fait une belle fournée !

Aujourd'hui, comme ils n'avaient pas école (toujours la grève), ils sont venus dès l'aube. Lorsque je suis arrivée à 11h30, tout était déjà fait ! 200 pains et 200 sablés. Impeccables.

C'est vendredi, jour de vente à l'heure de sortie des employés de la scierie. Nous voilà partis, tous les cinq, pour un quart d'heure de marche. C'est un temps fort de la semaine, chacun tient à être présent pour cette vente qui est toujours un succès. Là, les machines tourenent encore et il nous faut attendre un peu l'arrêt du travail pour pouvoir vendre. Au bout d'un moment, l'ingénieur Victor Hugo (au moins, celui-là, je n'ai pas de mal à me souvenir de son nom!), notre contact sur place, nous dit que le propriétaire aimerait nous rencontrer. Nous n'avons pas demandé d'autorisation pour vendre, ce n'est qu'un chef de secteur qui nous y a invités. J'ai peur soudain. Nous attendons à la sortie, sagement, mais on ne sait jamais....

Je pars en tête, les jeunes suivent, tête basse. Impossible de les faire venir avec moi, ils viennent à ma suite. Jésus et Myrian T. rigolent, Marco et Myrian D., tout en partant le carton de pains, se regardent un peu soucieux. Pas à cause de la vente. Mais eux, petits indigènes devant le propriétaire de cette entreprise qui emploie 46 personnes... ils marchent à reculons. Je tâche de les rassurer. J'avance, ma bassine verte de sablés à la main. Pourvu que nous ne perdions pas notre meilleur marché (après la communauté qui achète désormais 100 pains 4 jours par semaine).

Un grand bonhomme aux yeux bleus s'approche pour me serrer la main, me souhaite la bienvenue, me propose de ma faire visiter après avoir bû un coup chez lui. J'accepte. Sourires, politesses, entrez mademoiselle. Et les jeunes? je les suis du regard, ils me font signe que non de la tête. Regard interrogateur au propriétaire: "Venez mademoiselle, je vais vous présenter ma femme" "Asseyez-vous". Pas d'ambiguité en espagnol, on ne vouvoie pas avec la deuxième personne du pluriel. C'est bien au singulier qu'il parle.

Me voilà sur un fauteuil en velours, tableau immenses aux murs, moquettte impecable. Tellement irréel. Rien ne traine, s'en est triste. Un Coca avec glaçons. "Bien -sûr que vous pouvez vendre; c'est bien ce que vous faites" C'est au tour de la femmes: "J'ai un projet de sandwichs pour les touristes qui prennent le train, vous pourriez me fournir 60 baguettes par semaines?" Au prix d'achat proposé, ce serait une aide non négligeable pour le développement de la boulangerie, si nous réussissons à relever le défi de la production dans notre four à gaz. Je négocie le marché, propose d'amener le pain jusqu'ici, oui, oui bien-sûr, c'est parfait.

Au dehors, les jeunes me font signe, ils en ont assez de jouer avec les chiens. Encore 5 mn.

"C'est entendu, nous aurons bientôt les moules, vous pourrez goûter". Dans deux semaines on vous amène les premières baguettes.

Je ressors, à la fois écoeurée et ravie. Beau contrat, certes, mais qu'est ce que ces entrepreneurs équatoriens blancs achètent: ¿Les produits des jeunes, ou ceux d'une petite française?

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

I have a dream that one day this nation will rise up and live out the true meaning of its creed: “We hold these truths to be self-evident: that all men are created equal.” I have a dream that one day on the red hills of Georgia the sons of former slaves and the sons of former slave owners will be able to sit down together at a table of brotherhood. I have a dream that one day even the state of Mississippi, a desert state, sweltering with the heat of injustice and oppression, will be transformed into an oasis of freedom and justice. I have a dream that my four children will one day live in a nation where they will not be judged by the color of their skin but by the content of their character. I have a dream today. (extrait du discours)


si tu peux lui traduire en espagnol...maman

11:51 PM  

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