jeudi, mars 23, 2006

Des nouvelles de mes élèves !

La formation des jeunes va s’achever, voilà trois mois qu’ils sont là….

Un très grand merci aux parrains qui ont rendu cet apprentissage possible ! A présent, à 7 semaines de mon départ, il est tant de mettre en place un vrai système de production qui soit rentable…

L’occasion de faire le point sur le chemin parcouru, et celui qu’il reste à parcourir avec chacun.

Jésus a remplacé Abran qui, à la mi janvier a trouvé un travail comme assistant de chantier à Riobamba… Il avait 11 ans… Enfin, il en a l’air content. Jésus a onze ans également. Plus timide et moins débrouillard qu’Abran, il a su néanmoins apprendre très vite. Je crois que c’est le plus sérieux de l’équipe. Silencieux mais attentif, il a désormais le sens de l’initiative. Samedi, alors que les autres jeunes ont préféré faire la fête de la communauté que le pain, il a fait deux fournées tout seul. Impressionnant ! En double avec moi pour l’instant, il faudrait qu’il le soit avec une femme de la communauté (celle que l’on attend toujours…) et serait une aide j’en suis sûre efficace.
Un sacré petit bonhomme !

Myrian T. a remplacé Marivelle qui, elle aussi, est partie en janvier travailler en ville. Myrian a 14 ans, l’air rieur. L’idée n’est pas qu’elle reste de manière permanente, vu que l’équipe sera composée à terme de trois jeunes et d’une adulte, mais son aide se révèle précieuse et elle est contente d’apprendre : « Quand je serai grande, je serai boulangère »a-t-elle affirmé devant la caméra de Anne venue filmer le projet cette semaine.

Myrian D. a 16 ans. Voilà 5 mois qu’elle est là, fidèle et assidue. Bien qu’encore parfois un peu gauche, peu sûre d’elle quand elle est avec moi, elle travaille bien avec Marco, sans doute plus directif que moi (qui essaye de la laisser agir un peu seule). Avec Marco, ils sont prêts à tenir le fourneau tous seuls si on leur dit que faire.

Marco, sourire édenté, démarche d’adolescent en transition, pantalon large et parlant quechua. Roi des danses traditionnelles, je l’ai constaté ce week end à la fête… Seul homme de la boutique, capable d’être le chef quand je ne suis pas là (il faudrait que je songe à l’absenter plus souvent…) Il a en tête de multiples recettes et sait varier la production : crêpes, pains au beurre, croissants, gâteaux ou sablés, qu’il n’hésite pas à faire s’il pense pouvoir vendre.

Au fait, notre premier contrat : 300 sablés chaque vendredi soir à livrer à la scierie de Chancahuan à l’heure de sortie des ouvriers. Pas mal non ?

Ce qu’il reste à faire ? convaincre la communauté de prendre le projet en main, d’élire un président ou une présidente de la boulangerie qui décidera en fonction des besoins de ce qui est produit et des salaires ainsi que tu partage, à terme, des bénéfices (on n’en est pas encore là tout de même !).

Encore du chemin à faire, mais déjà bien des feux d’allumés, pour reprendre Montaigne : « éduquer, ce n’est pas remplir des vases, c’est allumer des feux ».

Peut-être qu’un jour je serai professeur finalement…