mardi, février 21, 2006

Scènes de vie à Chancahuan

Je reviens de mon premier cours de conduite, le prof est sympa, ça s'est bien passé. J'espère juste qu'il fera beau le jour J parce que le système de priorités est un peu étrange et les routes Nord-sud (c'est -a dire vers le Chimborazo ou la cordillère) ont priorité sur les transversales est-ouest. Mais j'ai hésité plusieurs fois vu que le Chimborazo et la cordillère étaient dans les nuages...

Il y avait des grèves, donc les bus ne passaient pas. J'ai trouvé un véhucule jusqu'à Calpi, où j'ai attendu avec les écoliers de Chancahuan, espérant qu'ils connaitraient une astuce pour éviter les 300 mètres de dénivelés positifs qui séparent leur école de la communauté. Les plus jeunes chahutent, l'un sort son saxo, ils attendent sans trop savoir quoi, ou du moins se contentent de me dire qu'il n'y aura pas de bus. Je comtemple, amusée, ces gamineries qui tournent un peu aux méchancetés lorsque le temps d'attente se fait trop long: comme tous les enfants du monde, ceux-là savent aussi toucher où ça fait mal, et commencent à traiter Myrian d'hippopotame. C'est qu'elle est, comme sa mère, un peu ronde... Voilà ma jeune boulangère, visiblement très véxée, qui répond en tirant les cheveux. Finalement, l'ingénieur de la communauté passe au volant de son pick-up, tous les gamins en uniforme sautent dedans, nous voilà à 17 à l'arrière!

Myrian rentre chez elle toute bonleversée, au bord des larmes qu'elle retient d'autant plus fort que je suis là, rentre en courant dans sa maison. Là, dans le salon, une télé allumée fait l'apologie des méthodes d'apprentissage américaines. Dans ce pays oû les écoles publiques apprennent à lire mais pas à comprendre ce qui est écrit, à savoir par coeur mais pas à utiliser le savoir, ce genre de livres se vend comme des petits pains, ou peut-ètre devrais-je dire mieux que nos petits pains (!)

Je laisse myrian reprendre des forces, et m'en vais vais la boulangerie. Après trois jours d'absence, je me demande comment je vais retrouver les lieux...
Sur la place, un petit bout de chou, à peine plus d'un an, est assis dans la poussière, les yeux hagards. Il est maigre, son nez coule et il tousse. Sans aucun doute il fait parti de cette moitié des gamins qui sont dénutris, faiblement et mal alimentés, souvent malades, peu stimulés. Je m'arrête un moment, la grande soeur s'approche, le prend sur son dos comme une poupée à la tête mal accrochée. Je leur amène un bout de pain, tout en sachant que la solution serait, à ce stade, plutôt d'aller au centre de santé, mais la maman n'est pas là, elle est aux champs, je ne peux pas la voir. L'ainée glisse dans la bouche du petit un bros bout de pain, il s'empresse de le retirer pour ne pas s'étouffer.

Jesus, qui a remplacé Abran dans le rôle du petit jeune assez habile, m'attend. Pas de farine aujourd'hui, pas moyen d'en ramener de Riobamba vu que je n'ai pas encore la capacité de porter 25 kg sur mon dos pendant plusieurs kilomètres. Opération décoration de gateaux, c'est sympa, je retrouve le plaisir enfantin de la pâte à modeler, on colore le beurre et le sucre glace en essayant de ne pas repeindre la boulangerie. Chacun a peint son gâteau, tous fiers, pendant que Jesus et moi faisons le ménage, Myrian et Marco attendent les clients. Ils ont bien bossé en mon absence, je suis fiers d'eux, je les laisse plaisanter un peu dehors avant de m'en retourner vers la maison.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

bravo, pour ta première leçon de conduite !
ca me rassure il n'y a pas qu'un
France qu'il y a des grèves et les enfants sont tous les mêmes .
merci encore pour ton blog, à bientôt Cécile et Philippe

8:11 AM  

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