jeudi, février 02, 2006

Une période difficile...la transition.

Et non, tout n’est toujours pas rose… Derrières leurs sourires chaleureux, leur organisation remarquable des communautés, leur sens inouï de la débrouillardise, les indigènes peuvent aussi âtre rudes et critiques…

Hier donc, j’arrive à la boulangerie avec la mise à jour des recettes. Mes trois apprentis viennent avec moins d’une heure de retard, bientôt suivis de deux jeunes. Je ne peux pas former cinq personnes, ce n’est pas possible.. on ne s’entend plus, il n’y a pas de travail pour tous, on ne sait plus qui fait quoi. Et puis l’âge minimum a été fixé à 16 ans. Mais je n’ai pas réussi à avoir gain de cause auprès de mes trois élèves : « ils seront sages et nous aideront » (autrement dit feront le boulot de l’arpette : laver les plaques et la vaisselle). Certes, ils l’ont fait, mais non sans un peu d’excitation.

Pendant ce temps, il me faut chercher du gaz, puisqu’il n’y en a plus en vente à la tienda depuis 2 semaines. Pas moyen que quelqu’un nous prête son réservoir… Ce n’était pourtant pas sorcier !
Après une demi heure de palabres, je finis par convaincre le responsable de la tienda de récupérer tous les réservoirs vides et d’aller à l’entreprise de mise en bouteille : pour une dizaine de réservoirs, ils ne peuvent pas refuser de vendre.
Vers trois heures, retour des bouteilles. Mais là, surprise, comme nous n’avons pas encore payé les contenants, les femmes de la tienda, après s’être disputées avec Marivelle pour 9 pains manquants, refusent de nous les redonner. Il faut faire appel au président qui, après une autre demi heure de palabres, accepte de nous permettre de cuire le pain… Nous avons certes 53 dollars de dettes, mais ils en ont aussi… Bref, fin de mois rime souvent avec difficultés financières, dans les familles comme à l’échelle de la communauté, et ils pensaient qu’en bonne « blanche », j’aurai les 53 dollars dans la poche. Un peu contrariés de la réponse négative, mis de mauvaise humeur par l’attente du gaz, les présents se déchaînent : le pain ne se conserve que deux jours, il n’est pas assez jaune, les jeunes ne sont pas assez sérieux…

J’ai fait ce que j’ai pu, transmis ce que je pouvais en matière de boulangerie, appris à peser et à cuire, à attendre que lève la pâte et à faire en sorte que le pain soit sorti à 5 heures tous les jours, mais je ne suis pas boulangère… A présent, il me faut chercher d’une part un boulanger-formateur qui vienne une dizaine de jours dans la communauté, et d’autre part trouver de toute urgence (mais ce n’est pas si simple !) les deux femmes qui prendront officiellement la responsabilité de la boulangerie et qui, elle seules, car elles représentent la communauté, auront l’autorité nécessaire. En espérant qu’elle n’en abusent pas, ce qui détruirait la confiance encore bien fragile des jeunes que j’ai formés… difficile équilibre, et que de patience il faut ici, pour être « chef d’entreprise » !