mardi, janvier 24, 2006

Une grande trsitesse... et grande défaite...

L’après midi s’annonçait bien pourtant.. boulangerie impeccable, même le sol avait bénéficié d’un nettoyage, et pour une fois je ne commencerai pas par devoir nettoyer les 12 plaques de four. J’étais loin de me douter qu’il s’agissait sans doute d’une forme d’au revoir, d’une volonté de bien faire les choses vu qu’il s’agissait de les faire pour la dernière fois.

Et puis, Myrian est arrivée. Au détour d’une phrase, comme quelque chose d’anodin, elle m’annonce que Marivelle est partie travailler à Quito hier, qu’elle ne sera pas de retour dans la communauté avant trois mois. Elle n’en sait pas plus. Je suis ébranlée. Elle était ma meilleure élève, habile au pain et capable de défendre le projet devant la communauté.

Je m’interroge : Abran n’est pas revenu la semaine dernière, cette fois c’est Marivelle. Pourquoi suis-je ici ? Quel est vraiment le sens du projet ? Si le but est de permettre à des gens de la communauté de rester parmi les leurs afin qu’ils puisent conserver leur culture et la richesse des liens communautaires, l’entreprise n’est –elle pas vaine ? Myrian me répond que non, qu’elle et Marco ont l’intention d’aller étudier à l’université à Riobamba et qu’ils rentreront chaque soir, que la boulangerie leur permettra de payer les frais de scolarité. Feront-ils en effet tous les deux partie de ces 1% d’indigènes qui ont accès au supérieur ? Pourront-ils continuer… seront-ils encore motivés dans deux ans ?

Comment lutter contre l’exode rural qui est un phénomène naturel accompagnant l’industrialisation ? La ville, se sont des salaires deux fois plus élevés, mais des horaires de travail (ou devrais-je dire d’exploitation…) de 12 à 14 heures par jour. Et le soir, c’est la solitude, l’anonymat… D’ailleurs, Marco vient d’arriver et m’annonce que ce n’est pas Marivelle qui voulait partir mes ses parents qui l’y ont poussée. Comment leur en vouloir ? Vu de Chancahuan, Quito, c’est la réussite, la richesse, l’accomplissement d’une éducation.
Je m’attriste pourtant d’imaginer cette adolescente embauchée comme secrétaire alors qu’elle ânonne plutôt qu’elle ne lit. Perdant en devenant salariée les dernières libertés de l’adolescence alors qu’elle n’a que quinze ans.

En ce qui concerne le parrainage, si les parrains sont d'accord, je pense recentrer les fonds sur Marco et Myrian qui se sont engagés à rester en tout cas jusqu'en juin. Ils s'épaulent mutuellement et s'entendent vraiment bien tout en étant efficaces. Dans la mesure oû ils sont au collège à Calpi, ils ne peuvent en effet pas se permettre d'aller travailler après à Riobamba. Ensuite, la réunion communautaire aura lieu dans deux semaines au cours de laquelle j'insisterai pour former deux personnes qui soient des femmes ayant des terres à Chancahuan, ce qui n'est pas le cas des plus jeunes, plus attirés de ce fait par le mythe de la ville. C'est promis, en tous cas, je n'abandonnerai pas...

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Coup de spleen... Pour pleinement apprécier le miel de la victoire il faut avoir surmonté le gout amer des petites défaites. Il est maintenant clair que la difficulté principale n´est pas de faire le pain mais de trouver ceux qui le feront aprés ton départ. Il faut identifier avec la communauté celui ou celle qui va s´investir dans le futur du projet et qui pourra continuer à former quand tu seras partie. De nombreux "pateux" passeront, il te faut un "fidéle". C ést malin de t´orienter vers quelqu´un qui a des attaches fortes avec le village.Réfléchis, comment peux tu motiver un fidéle ? Revenu ? Fierté ? Reconnaissance de la communauté ? ... Tu avances ma Grande, tu avances. Bises .Papa

9:15 AM  
Anonymous Anonyme said...

Allez Stéphanie courage, tu vas y arriver.
Je pense qu'il faudrai mieux former quelqu'un de plus agée qui serait sur de rester au village pour assurer la continuité aprés ton départ.
Nous pensons trés fort à toi, bisous cécile et cie

11:43 PM  
Anonymous Anonyme said...

Bisous Marcodette,test commentaire,leçon de Sylvie

9:24 AM  

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